Il y a des gros coups de cœur qui surgissent parfois d’où on ne les attend pas forcément, et je dois bien dire que ce très bel album, Holy Wood, est de ceux qui impressionnent dès les premières pages, qui vous prennent aux tripes, qui vous scotchent. On se laisse emporter, sous le charme du graphisme absolument magnifique, des mots délicatement semés deçi delà, on glisse, on est entraîné dans ce portrait extrêmement sensible, reflet fantasmé d'une icône qui a marqué à jamais l'histoire du cinéma, de la mémoire collective, le désir rendue femme ! Tommy Redolfi ne tente pas d'entrer dans une analyse documentée du mythe Marilyn, il s'attarde sur une approche subjective ou se mélangent les impressions, les souvenirs d'enfance, les vieux traumatismes mal digérés, les questionnements, les doutes et le jeu des apparences. La jeune femme traverse le récit comme une sorte de forme éthérée qui est rapidement dépassée par ce jeu qui se déroule autour d'elle, qui tente de la dévorer vivante. Le système l'avale, elle perd pied...
Le scénario rend parfaitement le décalage qu'il y a entre la jeune femme qui voulait devenir une vraie actrice et cette image ultra sexuée qui se reflète dans les regards de tout les hommes qui la regardent. On sent à la fois le trouble et ce sentiment qu'à un moment donné l'actrice décroche complètement, qu'elle tente de trouver un refuge, loin de ce monde d'adulte qui ne l'intéresse pas forcément ! On est profondément touché par l'incroyable finesse qui se dégage de ces planches, de ces lumières, ces regards, c'est beau, c'est sublime ! Tommy Redolfi touche là à la fibre la plus sensible de ce symbole hollywoodien par excellence. Il s'arrête sur ses faiblesses, cette fragilité, sur ce qui la rend encore plus émouvante, cette fibre qui vibre au moindre souffle, qui la pousse à se retrancher toujours plus profondément en elle.
Je suis encore sous le charme de ce magnifique album que j'ai dévoré d'une traite. C'est audacieux, c'est subtile et les dessins transcendent complètement l'ensemble !
Une incroyable découverte que je vous conseille vivement, tant pour la relecture du mythe Marilyn que pour la découverte d'un auteur qu'il faut surveiller de très près !
Holy Wood : la sainte forêt, le bois sacré, un lieu dans lequel des monstres fabriquent des stars, des rêves, des espérances finalement toujours déçues… Holy Wood : un livre étonnant, dérangeant, intelligent, touffu, envoûtant !
Tommy Redolfi a choisi un sous-titre explicite pour son album, un sous-titre qui, à sa manière, résume le contenu de ce livre de quelque 250 pages : " Portrait fantasmé de Marilyn Monroe " !
Et c’est bien de Marilyn Monroe qu’il s’agit, une Marilyn qu’on reconnaît, dont on reconnaît les amours et les amants, les films et les dépressions, les sourires et les blondeurs, les douleurs et les silences.
Mais à partir de la réalité, celle que tout un chacun connaît ou peut découvrir en se baladant à la cinémathèque ou sur internet, Tommy Redolfi a laissé son imagination prendre le relais, d’abord, le dessus ensuite. Il y a à la fois du réalisme et du fantastique dans ce livre vraiment passionnant. Un fantastique à la Tod Browning, pour rester dans des références cinématographiques.
Holy Wood, c’est une forêt dans laquelle vivent, dans des vieilles caravanes, des monstres de foire, femme à deux têtes, géant, etc. Des êtres que la société a rejetés après les avoir adulés. Et ce sont eux qui forgent les stars d’un art qui est devenu universel, celui du cinéma.
C’est là que débarque une jeune femme longiligne aux cheveux bruns, une jeune femme qui rêve de devenir une vedette, et qui va le devenir en se laissant manipuler, en laissant son corps et son âme devenir autres.
Il est impossible de résumer ce Holy Wood, tant s’y retrouvent mêlés des thèmes qui dépassent, et de loin, le simple contenu d’un récit, voire d’une biographie.
Marilyn s’y révèle comme une femme en rupture d’elle-même, une femme à la poursuite de sa seule mémoire et qui, pour se restaurer à ses propres souvenirs, se doit de devenir un monstre acceptable aux yeux de tous.
Ce livre est certes une fable sur le cinéma, sur le vedettariat, mais il est bien plus !
On y parle d’une enfance violée, d’amour, de désir, d’aliénation, du pouvoir que prend l’apparence sur la réalité. La psychologie est omniprésente dans cet album, et les pages fourmillent de symbolismes aux significations assez évidentes : la forêt, le sang, la monstruosité, les dessins d’enfants comme un brouillon du langage devenant révélateur de vérités enfouies.
Marilyn, ici, c’est Alice au pays des non-merveilles, de l’angoisse, de la peur et, définitivement, de l’absence et de la mort. C’est une femme face à elle-même, face à ce qu’elle a été, avec comme seule échappatoire la folie, porte ouverte sur la lutte qu’elle livre à sa mémoire.
Mourir, pour elle, c’est simplement tout recommencer, et faire comme si rien ne s’était jamais passé. Le néant, pour la vraie Marilyn comme pour celle de Tommy Redolfi, est l’unique recours, l’unique secours, l’inéluctable finalité.
Ce " Holy Wood " est un bel objet graphique, d’abord. Le dessin de Redolfi, refusant tout réalisme, privilégie les apparences, comme l’histoire qu’il nous raconte, en laissant également la place à de longues plages de silences, au travers de paysages qui se découpent sur l’horizon comme Marilyn se découpe aux orées des rêves de ses admirateurs. Pour une histoire essentiellement symbolique, l’auteur a choisi un style graphique symboliste, et c'est une vraie réussite.
Ce " Holy Wood " est, ensuite, un bel objet littéraire, avec un scénario bien construit, et bien écrit.
Au total, ce livre ne ressemble à aucun autre, et c’est aussi sa qualité, ce qui en fait un album à ne pas laisser dans l’ombre !
Si vous aimez être surpris, si vous aimez les ambiances étranges et prenantes, si vous aimez la bd qui s’aventure dans des domaines qui ne sont pas ceux de l’habitude, ce " Holy Wood " ne pourra que vous plaire et vous séduire comme il m’a séduit moi-même !
Tommy Redolfi revisite le mythe en s'aidant de l'histoire, la vraie [...]. Marilyn a une âme ici, mais elle demeure un objet bien tourmenté.
[...] Holy Wood est une œuvre qui emporte, attendrit et bouscule. Aucun cliché ni facilité dans cette évocation d’un des plus forts symboles culturels du 20è siècle. Au contraire, le traitement y est personnel, engagé et sans compromission. Il en est de même pour le graphisme, à l’unisson des choix narratifs : chaque case dit et sous-entend simultanément. L’extraordinaire mise en couleur ne se contente pas de montrer l’aspect charnel des personnes, des objets ou des lieux. Elle en révèle l’âme, leur « part d’ombre » écrirait James Ellroy qui, lui aussi, n’a de cesse d’exhiber l’humanité sombre qui affleure derrière le strass hollywoodien.
Sur plus de 240 planches, l’artiste grenoblois montre une créativité narrative et graphique peu commune. Qu’il s’agisse de la construction des personnages, de la mise en scène des situations, de l’utilisation fine et cinématographique du cadrage ou encore de la colorisation qui permet à des contrastes forts et des dégradés subtils de coexister, tout dans cette œuvre émerveille et rend hommage au pouvoir artistique d’une bande dessinée totalement désinhibée.
[...] Betty Boop, le grand méchant loup et une grand-mère qui attend son poisson, le décor est planté dès le prologue pour mieux voyager entre fantaisie et réalité. Tommy Redolfi a du talent et du métier. Ça se sent et se ressent dès les premières planches, entrelacées dans les branches d’Holy Wood. La forêt à laquelle il donne naissance respire la peur, l’horreur mais aussi le magnétisme. Tout en élégance, l’auteur déploie son atmosphère et répand le venin hollywoodien. À l’instant, Marilyn vient d’arriver non pas en ville mais en forêt, chétive, craintive, à la démarche mal-assurée et à l’esprit peuplé par les fantômes du passé. On est loin du sex-symbol à la carrière fulgurante.
S’inspirant des grandes lignes biographiques de Marilyn, Redolfi livre une vision personnelle de celle qui fit tourner la tête, dit-on, à JFK. Mettant en relation la quête de célébrité avec l’absence de ses parents. « Le regard d’un père et d’une mère suffisent à beaucoup. Mais lorsque ceux-ci n’ont jamais été présents, auprès de qui briller? Combien de regards faut-il pour combler l’absence d’un seul. Cent? Deux cents? Mille? Jamais suffisamment en tout cas. » Tristounette brune, Norma Jean n’arbore pas encore ses cheveux blonds platine et fait sans nul doute figure de petit oiseau à croquer par les vieux loups du 9ème art en recherche d’une nouvelle égérie (ou peut-être, est-ce une élégie?).
Alors certes, il y a du travail en façade, mais si Bette Davis a des yeux sensass’, Norma Jean a une bouche à tomber! Peu importe les cicatrices qui disparaîtront de toute façon, voilà que Norma Jean se transforme en Marilyn, « The sex Godess, changement de timbre vocal, atouts mammaires compensés, nez refait, et le tour est joué pour un nouveau conte de fée. Et pourtant, ce ne sera pas « poupoupidou » tous les jours.
Récit de métamorphose rehaussé d’une histoire humaine au coeur d’une industrie à peu de choses près inhumaine, Holy Wood fait partie des lectures qui passionnent et transcendent leurs lecteurs. Surprenant et incertain (même en connaissant l’histoire de Marilyn Monroe), Tommy Redolfi signe, de son graphisme totalement acquis à ce qu’il raconte, une oeuvre originale au charme sensuel, fantasmatique et drôlement efficace où se nouent les regrets, la nostalgie entre factice et véritable. Sur le terrain du 7ème art, voilà une bande dessinée puissante qui bat à plates coutures le cinéma. Et en bordure de cette forêt mythique, on a vu le Cirque Freak, mais peut-être n’était-ce qu’Hollywood, glaçant, dérangeant, perturbant. Des BD’s comme ça on en voudrait plus à l’ère des biopics souvent trop calculés.
Le dessin et les couleurs sont absolument magnifiques, et contribuent grandement à l'ambiance onirique et lugubre. Une lecture indispensable.
Tommy Redolfi propose un album étonnant [...]. Il adapte en effet à sa façon la vie de cette actrice célèbre américaine au destin tragique, en transposant son histoire dans un univers étrange et décalé.
Blonde, lèvres pulpeuses, sourire enjôleur, regard hypnotique, grain de beauté sur la joue gauche et formes voluptueuses, Marilyn Monroe est encore aujourd’hui un mythe. À la fois fascinante d’élégance et déroutante de naïveté, elle demeure l’objet de fantasmes et d’indiscrétions. [...] Tommy Redolfi s’amuse à inventer une histoire, mais aussi un univers fourni, basés sur le réel, nous laissant constater la parfaite maîtrise de son sujet. Intelligent, bien écrit, graphiquement très plaisant, voici un truculent album à consommer sans modération !
C’est avec un certain talent que Tommy Redolfi s’attaque au mythe de Marylin Monroe en la propulsant dans un monde assez effrayant plus proche des freaks que de la beauté qu’incarne l’icône cinématographique[...]Un formidable roman graphique, totalement iconoclaste, qui nous raconte Marylin Monroe d’une façon inattendue, à la fois inquiétante et passionnante. L’option graphique prise est osée mais payante tant l’univers dans lequel évoluent les personnages fait partie intégrante de l’histoire.
Tommy Redolfi s’approprie le mythe de Marilyn pour y coller ses propres fantasmes et son propre imaginaire. Il décortique de fait le destin météore d’une icône du cinéma passée en quelques mois de l’ombre à la lumière. Mais à trop toucher la lumière il arrive parfois que les ténèbres, faites d’angoisses, de peurs, d’une certaine forme de paranoïa viennent se glisser dans un quotidien devenu par trop oppressant. Le dessinateur tente de se placer dans le corps et dans l’esprit de son personnage pour tenter de comprendre l’actrice et son parcours. Pour ce faire il imagine un Holy Wood perdu dans les bois en périphérie des caméras et des spots, là où tout un jeu d’influences souterrain permet l’éclosion (ou pas) de nouveaux talents. Dans cette vision sombre le sort de Marilyne ne lui appartient plus ou si peu. Dirigée sur scène elle l’est aussi dans sa propre vie, devenue un pion que l’on souhaite docile. Redolfi explore ici cette facilité avec laquelle l’homme ou la femme peut se voir déposséder de soi. Il donne à voir le destin d’une jeune femme en quête de reconnaissance. Une reconnaissance exacerbée par le manque de ses parents absents pour elle. Dans la nouvelle famille qu’elle est venue chercher elle découvrira malgré elle que ce qu’elle dégage, sa plastique, le symbole de la femme parfaite, l’emporte sur ce qu’elle renferme. La surface des choses… qui va de pair avec sa marginalité, avec sa fragilité. Redolfi dans ce portrait fantasmé livre un cadre sombre et décalé, des personnages souvent gerbatifs qui usent et manipulent la star devenue pour mieux servir leurs sombres desseins. (...) Passé volé, présent lourd et futur aux contours mal définis. Le destin de la star se fait tragique et lourd à porter… Un dessin et une construction subtils, une mise en couleur immersive, un déroulé qui joue sur l’étrange, sur l’appropriation par le lecteur du récit qu’il découvre au fil des 250 pages. Et le mythe, le vrai qui nous rappelle à Marilyn Monroe.
Il construit un univers expressionniste qui transpose le milieu du star system des années quarante à Hollywood. [...] Une BD d'une incroyable richesse, magnifiquement mise en images.
Marc Descornet@vibration.fm
Un travail rare, pertinent et pas toujours simple à décrypter. Et pourtant Holy Wood de Tommy Redolfi revisite à sa façon un parcours, celui en teintes obscures de Marilyn Monroe. Usine à mirages pour petite provinciale qui rêve de gloire et d’amour, le bois sacré ou Holy Wood est celui des sorciers qui vont envoûter et pousser vers le précipice Norma Jeane Baker. Il ne faut pas hésiter à suivre la jeune femme sur ces sentiers où les roses cachent des ronces maléfiques. (...)Une analyse très psychanalytique sur fond de portrait où se mêle fiction, réalité des faits et fantasmes. Il y a bien sûr ce sentiment d’inachevé, d’erreur sur la personne, sur une Marilyn qui n’a pas pu résister malgré talent réel et beauté aux pièges des studios. Qui était réellement Marilyn, pauvre petite fille mangée par les grands méchants loups ? Tommy Redolfi a une très belle palette de sentiments et une puissante présence graphique.
Les dessins m'ont troublé : les couleurs sont féeriques avec quelques pleines pages superbes. [...] Difficile de poser le livre avant la fin.
Daniel Szmydt@unamourdebd.fr
Holy Wood, l'un des titres parus cet été chez La Boite à Bulles, est un roman graphique ambitieux qui hantera longtemps son lecteur...
Tommy Redolfi s'est attaqué au mythe de Marilyn Monroe avec un talent certain et un point de vue tout à fait singulier [...] un projet graphique sombre, étrange et passionnant.